Rétablir les liens
Réflexions étudiantes autour de Venise et de sa lagune
Eau, Source de vie
Recyclage, régénération
La question n’est plus de savoir si Venise va se faire submerger, mais plutôt quand ?
Pour la plupart, la montée des eaux et donc l’engloutissement de Venise sont inévitables.
L’homme, jusqu’à présent, a préféré penser qu’il pouvait contrôler la nature. Il a toujours repoussé les limites et cru qu’il pouvait garder le contrôle de son environnement. En vain. Au contraire il accélère la modification de la lagune.
L’eau reprendra toujours le dessus.
Il ne faut pas chercher à contrer ces montées des eaux, mais apprendre à vivre avec.
Pour qu’une solution durable soit développée afin que Venise évolue et redevienne habitée, il faut commencer par faire prendre conscience aux gens des problèmes auxquels elle fait face.
« Le conservatisme et le protectionnisme qui en sont découlé ont créé ce climat d’artifice dans lequel s’est piégée l’ensemble de la ville dans une attitude du non agir en attente du retournement du sens de l’histoire envers le passé. La constante vision introspective et l’abandon d’une vision globale ont permis à une urbanisation industrielle massive et excessive de prendre le dessus sur une partie de la lagune et également sur une grande partie du coeur historique lui-même en y agglutinant des programmes de l’industrie (…) et sortis du domaine de l’utile pour l’industrie, mais non du nécessaire pour la ville. »
Plusieurs hypothèses se développent au fur et à mesure des semaines concernant ces problématiques.
Venise a perdu son caractère d’île, notamment par la création du pont de la liberté, point d’ancrage à la terre ferme. Venise perd son autonomie, son caractère insulaire, et l’eau qui était nécessaire à son écosystème est alors devenue son ennemie.
Il faut changer les rapports entre Venise et sa lagune, rétablir les liens. Transformer les limites en marges et accepter la modification progressive des seuils de la ville
La temporalité crée par ce pont n’est pas adaptée. L’Ile de San Secondo et son contexte pourraient permettre de remplacer le pont de la liberté afin de redonner à la lagune sa véritable identité.
Plutôt que de complètement le faire disparaître, on peut aussi imaginer seulement en changer l’utilité.
Toutes ces intentions tendent à redonner vie à Venise, pour la rendre plus équilibrée entre Vénitiens et touristes, retrouver une harmonie.
Beaucoup voient ces éléments flottants comme des modules, qui peuvent se mouvoir, s’accumuler, et reformer de véritables civilisations sur l’eau.
Ces systèmes finiraient, qui sait, par s’appliquer à l’entièreté du monde.
On pourrait recréer un vrai réseau Vénitien, un dialogue avec la lagune, retrouver une mixité fonctionnelle et sociale à travers la complémentarité des îles. On passe donc d’un système centripète à une volonté de réseau centrifuge qui s’établit grâce à la présence de modules flottants permettant le pontage entre les îles.
Nous pensons au futur proche mais devons également réfléchir au futur lointain de Venise.
Et dans l’esprit de la submersion certaine de la Sérénissime, certains prennent parti d’accepter l’eau et de la mettre à profit.
L’eau doit être considérée comme source de vie et non source de destruction pour l’avenir.
Une Venise abandonnée, qui retournerait naturellement à l’eau face à laquelle toute lutte semble vouée à l’échec dans une acceptation pleine d’humilité.
Pour perdurer face à l’eau on peut facilement deviner les intentions de quelques uns : flotter.
Avec le flottement il faut accepter de ne pas avoir d’accroche à la terre ferme. Mais cette accroche est-elle vraiment une nécessité ? Le flottement permet le mouvement, l’évolution. On vit avec l’eau, on n’essaye pas de la contrer, on ne la subit pas non plus.
Les éléments flottants ne doivent pas se tracasser de ces montées de eaux.
On doit pouvoir se détacher du présent qui dans peu de temps ne sera plus, pour se diriger vers un futur où l’homme aura encore sa place, et pourra vivre en harmonie avec la nature. Cette dernière finit toujours par prendre le dessus lorsque l’homme essaye de la dominer.
On pourrait parler de régénération, donc cette faculté de se reconstituer après destruction
« Rien ne se crée rien ne se perd, tout se transforme. »
On doit réconcilier terre et eau.
Ce genre de projet incite à imaginer un monde où les systèmes humains et ceux qui ne le sont pas s’enrichiraient mutuellement. Ils contribuent à suciter une volonté commune de protéger et de rétablir ces ressources.
Jackie Brookner
L’île San Secondo étant abandonnée aujourd’hui, c’est un terrain neutre, un espace de possibles, pour débuter une nouvelle histoire ou même continuer celle de Venise. Venise représente un mythe, San Secondo une réalité.
A nous de décider si nous en faisons un espace de mémoire ou d’avenir ?
“Nous qui vivons dans le présent, sommes nous condamnés à ne jamais vivre
l’autonomie, à ne jamais être ,pour un moment, sur une parcelle de Terre qui
ait pour seul loi la liberté?”
“Devons nous nous contenter de la nostalgie du passé ou du futur?”
Hakim Bey (T.A.Z.)
Nous devons réanimer les friches, les endroits abandonnés, se les réapproprier.
On doit se servir de ce qui est disponible pour imaginer notre futur. On doit faire du recyclage.
Presque tout est imaginable, il faut juste s’en donner les possibilités.